Traversée des Andes au pied du toit des Amériques – 07/12 au 15/12

La traversée des Andes par la route qui relie Mendoza à Santiago du Chili

Cette route, nous avions très envie de la faire : le paysage est magnifique et nous n’avons même plus peur de traverser les Andes à vélo, pas même au pied de l’Aconcagua, le plus haut sommet du monde après la chaîne de l’Himalaya.

Le long du Rio Mendoza de Perdriel à Potrerillos01

Aujourd’hui, jour de l’immaculée conception, est un jour férié en Argentine, mais pas pour nous ! Nous enfourchons donc nos vélos et partons à travers vignes. Nous sommes dans la campagne argentine où tout est paisible. Cependant, cela ne dure pas suffisamment longtemps car rapidement nous rejoignons la route 7, son énorme trafic qui mène à la frontière chilienne et sans bande d’arrêt d’urgence. Il y a également beaucoup de camions qui vont dans les bodegas (caves à vin).

Le temps devient gris et une petite pluie commence à nous accompagner. Il devient vraiment dangereux de rouler ici en vélo. Pour la première fois, nous décidons de nous équiper de nos gilets jaunes (petite pensée à Jegjeg et Stéphane pour leur cadeau).

Equipement indispensable pour ne pas mourir en Argentine trois semaines avant Noël
Equipement indispensable pour ne pas mourir en Argentine trois semaines avant Noël

La route est peu intéressante et monte tranquillement. Puis enfin le temps se découvre et nous profitons d’une belle vue sur le lac du barrage de Potrerillos. Nous décidons de nous arrêter là. Nous descendons dans la ville pour trouver un camping, mais ils sont beaucoup trop chers. Nous allons voir la police qui nous conseille de faire du bivouac sous des arbres un peu plus haut et qu’il n’y a aucun problème de sécurité. En effet, c’est un endroit un peu en retrait de la route, sous des arbres, près de la rivière, rempli de familles argentines venues y camper pour les jours fériés. Comme nos voisins, nous décidons de faire un feu et de faire une entorse à notre dîner habituel (pâtes au thon). Ce sera donc des pommes de terre au fromage et des bananes au chocolat. Nos voisins viennent discuter avec nous, nous apportent du bois et nous font découvrir un alcool local.

Vue sur le lac du barrage de Potrerillos
Vue sur le lac du barrage de Potrerillos

A la nuit tombée, tous les argentins plient leurs tentes car le week end à rallonge touche à sa fin. Nous finirons donc par dormir tout seuls, paisiblement.

Notre premier dîner au feu de camp
Notre premier dîner au feu de camp

Tradition argentine que nous avons vite adoptée : dîner au feu de bois
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Nous ne connaissons pas le profil de la route d’aujourd’hui et ne faisons plus confiance à notre GPS. Nous savons juste qu’il faudra grimper pour atteindre le prochain village. En début de journée, nous descendons vers les eaux tumultueuses et rouges du rio Mendoza que nous suivrons une bonne partie de la journée. On enchaîne rapidement les kilomètres avant les premières côtes.

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Départ de Potrerillos
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Le tumultueux Rio Mendoza, on comprend pourquoi il y a beaucoup d’agences de rafting dans le coin.

Il y a moins de trafic que la veille et c’est tant mieux car on doit passer de nombreux tunnels. Puis nous apercevons une chaîne de hauts sommets enneigés. Peu avant le village, il y a une grosse montée et le vent ne nous aide pas beaucoup, mais on s’accroche car c’est bientôt la fin.

Les Andes nous attendent!
Les Andes nous attendent!
Entre adoration et pollution la frontière est mince. Il s'agit du culte de la Difunta Correa, une femme qui est morte de soif dans le désert mais dont le nourrisson a survécu.
Entre adoration et pollution la frontière est mince. Oui, oui, ce sont des milliers de bouteilles en plastique qui rendent hommage à la Difunta Correa, une femme qui est morte de soif dans le désert mais dont le nourrisson a survécu.

A l’arrivée à Uspallata, l’ambiance touristique est bien saisissable. En effet, c’est la dernière ville-étape avant l’Aconcagua. Nous nous installons dans le camping municipal. Nous y rencontrons un couple de français avec un camping-car bien original. Ce soir, nous dînerons encore auprès du barbecue, en compagnie d’une française et d’un argentin qui nous apprend tous les secrets de l’asado argentin.

L'étrange camping-car NUAJ
L’étrange camping-car NUAJ
Petit barbecue dans le camping municipal d'Uspallata
Préparation pour un petit barbecue dans le camping municipal d’Uspallata

Uspallata – Aconcagua : prêts pour les montées mais pas pour le vent03

Le matin, nous partons en ville faire des courses pour les prochains jours où nous devons faire du bivouac. Le ciel est dégagé et nous offre une magnifique vue sur les sommets enneigés. En partant, nous sommes dépassés par le camping-car. La route serpente entre les montagnes et on alterne montées et descentes.

Même au Nord de l'Argentine, les panneaux nous rappellent cet éternel conflit
Même au Nord de l’Argentine, les panneaux nous rappellent cet éternel conflit

Puis vers 11h, le vent de face se lève. Nous atteignons difficilement les 4km/h dans les montées. Une rafale fait chuter Fabien. Ça devient dangereux avec les nombreux camions qui circulent. On décide de faire notre pause déjeuner et de nous reposer un peu les nerfs. Mais voilà, le vent s’intensifie et on n’a pas envie de reprendre le vélo maintenant, mais en même temps on ne va pas rester dormir là ! On décide donc de faire du stop pendant 1h : si ça marche, tant mieux, sinon ben on renfourche les vélos et on va jusqu’au prochain village.

En partant d'Uspallata on peut apercevoir nos premiers sommets enneigés
En partant d’Uspallata, on aperçoit la chaîne des Andes qu’il nous faudra franchir.

Le moral revient, on se donne à fond au stop mais surtout on rigole bien. C’est une demi-heure plus tard, quand notre moral est bien remonté qu’un pick up s’arrête. On ne s’y attendait pas vraiment, le stop c’était plutôt l’excuse pour repousser le moment où on devrait remonter sur les vélos et affronter le vent. Les trois chiliens, revenant du Paraguay, nous parlent beaucoup de leur région et surtout du vin chilien rivalisant avec le vin français sur le marché mondial. Le paysage en route est vraiment beau. Ils nous demandent si on veut qu’ils nous montent jusque la frontière mais nous préférons aller moins haut et nous arrêter au pied de l’Aconcagua. Le gwenn ha du de Fabien n’a pas supporté le trajet sous le vent.

A l’entrée du parc national, nous apercevons le camping-car garé en face de l’accueil. Les gardes du parc nous interdisent d’y camper. Il faudra donc trouver un autre endroit. Pour le moment, nous ne nous en préoccupons pas et profitons de la vue qui s’offre à nous, mais surtout du ballet des condors dans le ciel. Ça y est ! Nous avons enfin vu nos premiers condors des Andes, ces immenses oiseaux emblématiques, de plus de 3m d’envergure. C’est un des oiseaux les plus grands des Amériques. Il est seulement dépassé par l’albatros.

Nous discutons avec Philippe et Catherine qui voyage dans leur camping-car bien atypique : un camion de pompiers retapé en camping-car. Il est vraiment super bien pensé. Nous aurons même le privilège de prendre le thé à l’intérieur. Nous y passons toute la fin d’après-midi. Pour ceux qui trouvent que le vélo c’est trop difficile pour voyager, voici une alternative : le camping-car tout terrain. Voici leur site : http://pgrateau.wix.com/nuaj. Vous y trouvez toutes les infos pour faire comme eux, pour être admiratifs du travail accompli ou plus simplement, pour voyager avec leur carnet de voyage. Il y a même quelques photos de nous sur le blog.

Philippe et Catherine à bord de leur camion de pompier transformé en camping-car
Philippe et Catherine à bord de leur camion de pompier transformé en camping-car

Le vent souffle vraiment fort et Philippe et Catherine nous proposent de positionner le camion pour nous abriter du vent. Finalement, nous trouverons un superbe spot de camping avec vue sur l’Aconcagua et sans un brin de vent. Nous nous y installons et un labrador noir vient nous tenir compagnie pour la soirée.

Ce soir on dort au pied de l'Aconcagua et notre compagnon du soir est toujours là
Ce soir on dort au pied de l’Aconcagua et notre compagnon est toujours là

Aconcagua – Los Andes : todo bajada au Chili!04

A notre réveil, le chien est toujours là. Quand on range les affaires, on espère que Philippe et Catherine sont toujours là pour pouvoir leur faire un petit coucou avant que nos chemins se séparent. Ils ont dû avoir la même idée car pendant qu’on installe les sacoches sur les vélos, nous les voyons venir à notre rencontre. Puis chacun reprend son chemin. D’ailleurs, le chien semble vouloir venir avec nous. On le gronde et on entame la descente. Mais seulement quelques dizaines de mètres plus tard, Fabien s’arrête car il a cassé son porte-bagage avant. Le temps d’une réparation de fortune, le labrador nous rattrape. Nous poursuivons la route en alternant montées et descentes. Nous avons bien avancé et semé le chien. Mais en nous retournant, nous apercevons une tâche noire qui court en plein milieu de la route dans notre direction. Quand le labrador arrive à notre hauteur, c’est avec un pincement au cœur que nous le grondons et le chassons car c’est trop dangereux pour qu’il nous suive et il resterait bloqué à la frontière.

Un dernier coup d’œil à l'Aconcagua avant de partir
Un dernier coup d’œil à l’Aconcagua avant de partir

Une fois seuls, c’est le vent qui arrive. Mais nous savons que nous sommes proches de Las Cuevas, dernier village argentin, donc on s’accroche. Les camions aussi s’accrochent et plusieurs tombent en panne dans la côte. Arrivés au village, on perçoit une chocolaterie et on se laisse tenter. On n’aurait pas dû, l’accueil, le chocolat en poudre et le prix nous laissent un peu sur notre faim. Après un pique-nique fruité car il est impossible de passer la frontière chilienne avec des produits frais, nous rechargeons nos gourdes car nous avons prévu de bivouaquer ce soir.

Fabien essaie de se frayer un chemin sur cette route étroite et pleine de camions
Fabien essaye de se frayer un chemin sur cette route étroite et pleine de camions
A l'approche de la frontière la route est superbe
A l’approche de la frontière la route est superbe
En voiture Simone. Pas de vélos dans le tunnel qui nous sépare du Chili
En voiture Simone.

Nous reprenons la route vers le Chili. Nous ne passons pas par le chemin du Christ Rédempteur car il a été fermé à cause de la neige. Nous commençons par la traversée d’un tunnel. Puis au péage, l’agent nous informe qu’il est trop dangereux de passer à vélo le second tunnel long de 3km. Il fait donc appeler une camionnette qui nous conduit de l’autre côté des Andes. Le chauffeur nous informe que tous les jours il amène des cyclistes qui font la traversée. Il nous apprend également que le tunnel est situé sur une faille géologique et qu’il est régulièrement fermé pour réparer les dégâts des séismes.

Une fois de l’autre côté du tunnel, c’est de la pure descente. Nous commençons par la traversée de tunnels servant à protéger la route des avalanches. Puis nous arrivons à la frontière argentine où il y a un nombre impressionnant de véhicules en attente.

Encore une fois, le passage de frontière sera long, plus d’une heure. Nous commençons par apprendre qu’il faut une autorisation spéciale pour les vélos que nous obtenons dans un petit bureau de la police. L’agent y inscrit nos informations entre deux actions de son film. Puis, sur les indications, nous partons faire la queue qui fait un escargot dans l’entrée. Après une heure d’attente : « Vous n’avez pas besoin de venir à ce guichet, il faut directement passer au contrôle sanitaire dehors ». Nous repartons donc et tombons sur un douanier qui parle français, il fouille nos bagages et trouve une pêche. Malheur ! Nous l’avions oubliée et nous risquons une forte amende, mais tout finira bien : elle sera mangée, le noyau brûlé et nous pouvons poursuivre au Chili sans amende.

Chili nous revoilà!
Chili nous revoilà!
En passant côté chilien on traverse un tunnel protégeant la route des éboulements
En passant côté chilien on traverse un tunnel protégeant la route des éboulements

Nous descendons le flanc de la montagne par une route en lacets vraiment serrés. Les gens nous saluent. Il y a régulièrement des bouchons et nous croisons donc plusieurs fois les mêmes véhicules. Certains nous ont bien fait sourire.

La sortie du tunnel laisse place à une longue descente sinueuse
La sortie du tunnel laisse place à une longue descente sinueuse

Il fait chaud et on a beaucoup de vent de face dans la descente. Malgré cela, nous arriverons à Los Andes. Un jour avant la date convenue avec la casa de ciclistas. Nous y recevons un chaleureux accueil. Eric nous met à disposition un appartement tout confort (douche chaude, cuisine, internet) et nous raconte des histoires de cyclotouristes arrivant chez lui suivis par des chiens qu’ils ont fini par adopter et ramener en Europe. En tant que vétérinaire, Eric les aidait dans les formalités. C’est bon à savoir pour nous, car il y a bien un moment où on va craquer et adopter un de nos compagnons de route.

Etant en sécurité, nous laissons nos affaires à la casa et nous partons, sacs sur le dos, pour Santiago en bus afin de prendre notre avion pour l’île de Pâques.

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