Des bords du Titicaca à la tentaculaire La Paz – 07/10 au 26/10
Le lac Titicaca côté bolivien : Copacabana et l’Isla del Sol
L’arrivée en Bolivie se fait avec le plaisir de découvrir un nouveau pays, mais commence difficilement car Kristell est de plus en plus malade. Les crises de toux se poursuivent et s’accentuent. Nous décidons donc d’aller consulter un médecin dont on voit la pub un peu partout dans la ville, erreur… Le médecin ne fait aucune auscultation mais réussi quand même à diagnostiquer une maladie. Une piqûre, plusieurs médicaments plus tard et le porte-monnaie terriblement allégé, rien ne s’arrange.
Après quelques jours de repos imposés, quelques soirées retrouvailles avec Louise et Baptiste (cyclos rencontrés à Cusco) et des nuits mouvementées pour Fabien à courir dans les rues à la recherche de calmants pour Kristell, nous décidons de sortir un peu visiter les environs. Nous grimpons au mirador pour profiter d’un magnifique coucher de soleil sur le lac Titicaca. La montée est un peu difficile car nous attaquons le chemin par la côte : c’est pierreux et très pentu. C’est à la descente que nous nous rendrons compte qu’il existait de l’autre côté un chemin facile et bien aménagé.
Le lendemain, nous prenons le bateau pour nous rendre à l’Isla del Sol, la plus grande île du lac. Nous décidons de commencer par le Nord pour avoir bien le temps de visiter l’île toute la journée (car les bateaux qui reviennent vers Copacabana partent du Nord de l’île en début d’après-midi alors qu’ils partent du sud en fin d’après-midi). Il faut aussi savoir que les droits d’entrée Sud et Nord seront à payer, peu importe par quel endroit vous commencez la visite.
Après une erreur d’aiguillage, nous entamons le sentier côtier d’où nous avons une belle vue sur le lac et la Cordillère Royale. A la moitié du parcours, un habitant du coin nous indiquera finalement le sentier des crêtes ce qui nous permettra de voir une nouvelle facette de cette paisible île.
Premières étapes boliviennes : de Copacabana à La Paz
Kristell ne va toujours pas mieux, mais il faut poursuivre le chemin. Nous ne sommes finalement pas mécontents de quitter Copacabana : son hôtel plus que décevant et ses médecins incompétents. La route commence par une longue montée de 12km, plus impressionnante que difficile, mais Fabien finira par dire « on arrête le prochain bus ou tu vas claquer ». Et oui, la santé de Kristell ne s’améliore pas et Fabien ressent une gêne aux dents, il faut vite rejoindre La Paz, mais tout à vélo 🙂 .
Les 40km pour rejoindre le bord du lac sont accompagnés de superbes paysages avec la vue sur le lac et en arrière-plan la cordillère royale. Nous arrivons donc au bac. C’est un détroit d’environ 800m du lac Titicaca qu’il nous faut traverser sur des barges rudimentaires. Un pont a bien sûr été envisagé, mais les communautés des environs l’ont refusé pour ne pas perdre leur petit business des barques. Nous voici donc à embarquer nos vélos sur une barge déjà occupée par un bus et une voiture. On nous précise que c’est dangereux et que le lac est plus mouvementé de 12h à 17h : parfait, nous y sommes à 14h ! Avec les vagues, le bus tanguait fortement obligeant la barge à s’arrêter pour se stabiliser et ne pas se renverser. Ce n’est pas très rassurant mais on finit par traverser sans problème.
Dans l’après-midi, nous traversons des villages avec quelques hôtels. Les gens sont vraiment souriants et agréables. Nous finissons par arrivés à Huarina qui, sur la carte, paraissait être le plus grand village du coin et où nous projetons donc de dormir. Cependant, les deux uniques petits hôtels sont occupés par les ouvriers travaillant sur la route environnante. Nous finirons par être accueillis dans la cuisine du logement à la sortie de la ville et c’est au milieu des cochons que nous préparons notre diner ce soir-là.
Le deuxième jour de vélo pour rejoindre La Paz s’annonce plus compliqué que la veille. Les quinze premiers kilomètres sont rapidement parcourus, mais ensuite le trafic s’intensifie. Les voitures nous frôlent. Il y a régulièrement des déviations sur des portions de routes en construction, ce qui nous oblige à circuler sur des routes en terre qui deviennent dangereuses avec tous les colectivos que l’on croise. En chemin, nous rencontrons deux cyclotouristes espagnols remontant vers le nord et qui nous disent qu’on a de la chance de rouler un dimanche. Nous arrivons dans la ville par l’autoroute. C’est finalement le meilleur moyen d’y arriver car nous bénéficions d’une énorme bande d’arrêt d’urgence pour descendre dans cette énorme cuvette.
L’énorme cuvette de La Paz
Maintenant il nous faut trouver un hôtel pour la nuit car le warmshower qui doit nous accueillir n’est disponible qu’à partir de demain et le responsable de la casa de ciclistas est absent. Cependant, pour la première fois du voyage, on nous refuse l’accès aux hôtels à cause des vélos. Après une heure de recherche, il nous est impossible de trouver un lieu où dormir. C’est alors que nous sommes abordés sur la place principale par une sympathique jeune femme vénézuélienne. Elle nous apprend qu’elle aussi est une cyclotouriste. Ainsi, le hasard faisant vraiment bien les choses, elle nous amène où elle loge : la casa de ciclistas.
Le lendemain comme prévu, nous enfourchons nos vélos et descendons les 10km qui nous séparent du centre-ville de La Paz aux quartiers sud. Joanne et Peter nous accueillent dans les beaux quartiers de La Paz. Ils nous offrent plein de petites choses (café délicieux, douche chaude, un bon lit…) dont ils ne peuvent pas imaginer la portée pour nous : c’est un paradis et notre moral est remonté à bloc.
Mais voilà, pour faire rouler un cyclo, il ne suffit pas de bien manger et de bien dormir, il faut aussi lui refaire une santé ! Sur les conseils de Joanne, Kristell va voir un médecin qui hallucine en entendant ce qu’ont fait les médecins de Copacabana. Il lui donne deux sirops et hop le lendemain tout est réglé, elle est de nouveau d’attaque. Pour Fabien, c’est un peu plus compliqué. Fabien souffre d’une infection de la gencive. Une nouvelle fois, Joanne nous oriente vers un super médecin. Mais il faudra plus d’une dizaine de jours d’intervention pour enfin y venir à bout. Nous avons rendez-vous au dentiste presque tous les matins et à la fin la dentiste nous faisait la bise !
Ne pouvant pas rester autant de temps chez Joanne et Peter (dont nous remercions encore le super accueil 🙂 ), nous finissons la fin de notre séjour à La Paz à la casa de ciclistas où nous rencontrons de nombreux cyclos. D’ailleurs, nous nous donnons rendez-vous au Chili pour les fêtes de fin d’année.
Quelques sites des cyclos rencontrés :
- Frank (Allemagne) : http://www.whatcouldpossibly.org
- Camille (France) : http://camembertconcarne.fr
- David (France) : http://surlaroutedupatrimoine.wordpress.com
Malgré toutes ces heures/matinées à aller chez le dentiste en traversant l’immense ville en téléphérique, nous avons décidé de ne pas perdre davantage de temps. Entre deux rendez-vous, Fabien part gravir un 6000m et nous allons visiter les villes de Potosi et de Sucre.
Premier 6000m pour Fabien : le Huayna Potosi
Le Huayna Potosi est une montagne qui culmine à 6088m. Elle a pour réputation d’être l’un des 6000m les plus accessibles du monde, c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de tenter l’ascension. Kristell ne souhaitant pas se joindre à moi, c’est donc avec deux allemands et deux guides que je pars pour la grande aventure. J’ai sélectionné l’agence Climbing South America pour effectuer ma première ascension. Son sérieux n’est plus à démontrer mais elle est un peu plus chère que les autres. On était d’ailleurs tellement occupés à ranger les billets retirés pour payer l’agence qu’on en a oublié la carte bancaire dans le distributeur!
L’ascension se déroule sur 3 jours. Le premier jour, un colectivo nous amène le matin jusqu’au premier refuge situé à 4700m. L’après-midi est ensuite consacré à de l’escalade sur glace.
Le jour suivant, on entame une marche jusqu’au second refuge situé à 5130m. La montée est plutôt simple, les quelques pierres qui jonchent le chemin rendent la tâche un peu plus ardue. Le seul inconvénient est le brouillard persistant depuis la veille qui nous prive de quelques beaux paysages. En chemin nous croisons les différents groupes ayant tenté l’ascension dans la matinée redescendant jusqu’au premier refuge. Seul 20% d’entre eux sont parvenus au sommet faute d’une bonne météo… Nous voilà prévenus pour demain.
Arrivés au second refuge, on déjeune dans la foulée, puis il faut trouver quelque chose à faire pour s’occuper. Certains jouent aux cartes, d’autres discutent avec appréhension de la journée de demain. Nous, nous avons décidé de jouer à un jeu très bête mais divertissant qu’ont inventé les guides. Il s’agit d’un simple crochet accroché à un mur sur lequel nous devons passer un anneau, ce dernier étant attaché à une ficelle elle-même reliée au plafond.
L’après-midi passe tout de même rapidement, certains commencent à ressentir les premiers effets de l’altitude, nausées et mal de tête. Pour ma part, pas de soucis pour le moment, il faut dire que nous pédalons à plus de 3500m depuis plus d’un mois maintenant.
A 18h, tout le monde est au lit. Le réveil est programmé à minuit pour un départ à une heure le temps d’engloutir un petit déjeuner léger et d’enfiler son équipement. Minuit sonne, j’ai l’impression de ne pas avoir dormi, mais il faut tout de même y aller. Mettant plus de temps à me préparer que mes deux amis allemands, ces derniers partent en premier avec un des guides ce qui induit que je serai accompagné de l’autre guide pour moi tout seul. Une fois les différentes couches d’équipements effilées, encordé et muni de mes crampons et de mon piolet (et oui on ne marchera que sur la glace aujourd’hui jusqu’au sommet) le top départ est lancé à 1h du matin sous un ciel étoilé absolument magnifique. Les premières heures ne présentent pas de difficulté particulière, la pente étant plutôt modérée et la météo n’étant pas capricieuse. Passé 5500m c’est là que les choses se compliquent. En effet, l’air se raréfie et chaque pas demande un effort supplémentaire. Ayant rejoint mes coéquipiers allemands, on entame ensemble la montée finale qui fut pour moi la partie la plus difficile de cette ascension. Tous les dix pas on s’arrête pour reprendre notre respiration et ce jusqu’au sommet. Arrivés au point culminant c’est tout simplement incroyable, nous avons droit à un magnifique lever de soleil. On peut apercevoir distinctement les différents monstres composant la cordillère royale et même en regardant bien le lac Titicaca.
On restera 10 bonnes minutes là-haut pour profiter de l’instant. En redescendant, on croise les groupes qui entament la dernière montée. Certains sont vraiment à bout de force allongés comme des crêpes face contre terre, d’autres vomissent mais continuent pour ne pas échouer si près du but.
L’ancienne riche cité de Potosi
La ville de Potosi est dominée par le Cerro Rico, une montagne riche en argent dont l’exploitation a longtemps alimenté les caisses de la couronne espagnole. Même Don Quichotte utilise l’expression « cela vaut un Potosi » pour désigner quelque chose de grande valeur. Elle fut un temps la plus importante cité d’Amérique grâce à ces richesses.
Sucre, capitale de la Bolivie
Nous passons aussi deux nuits à Sucre pour nous reposer et profiter de la beauté architecturale de la capitale bolivienne. Puis, au détour d’un trottoir, nous recroisons Louise et Baptiste ! (déjà rencontrés à Cusco et Copacabana) Nous passerons donc de bonnes soirées à conter nos pérégrinations respectives.
Après avoir perdu pas mal de temps sur le fauteuil du dentiste, dès que nous avons le feu vert, nous partons ! Mais nous n’enfourchons pas directement les vélos, nous serons motorisés pour rattraper le retard et les villes que nous souhaitions voir en chemin ont déjà été visitées (efficaces sur ce coup-ci les breizhiliens !)