Huanuco – Cusco au sein des mines des hauts plateaux – 14/08 au 23/08
Cerro de Pasco – Junin : direction l’altiplano
Nous voici donc repartis à l’assaut des Andes, mais cette fois-ci, en bus. Et oui, pour rejoindre Cerro de Pasco (plus haute ville du monde de plus de 50000 habitants), c’est plusieurs jours de montée constante qui nous attendent à vélo. Le temps nous étant compté au Pérou, c’est typiquement le genre d’étape que nous ne regrettons pas longtemps de ne pas faire à vélo. Une fois n’est pas coutume, c’est la galère de prendre le bus en vélo : après avoir laissé passer un bus déjà bien rempli et refusé de mettre les vélos sur le toit, nous voici à renlever les vélos de la soute car le gentil conducteur veut nous faire payer un supplément qui n’existe pas. Finalement nous ne payerons pas et arriverons à bon port dans Cerro de Pasco, une ville grise sans grand intérêt. Le changement d’altitude se fait tout de suite ressentir : tout le monde est en pull et porte un bonnet alors que 3h de bus plus bas les gens sont en T-shirt.
Nous sommes au cœur des mines du Pérou. Les villages environnant se sont créés autour de ces mines. Nous découvrons un nouveau visage du pays.
Cerro de Pasco étant une ville en forme de cuvette, il nous faut remonter un peu pour atteindre la route et les hauts plateaux. Nous sommes à plus de 4000m d’altitude. En partant, Kristell avoue à Fabien qu’elle a hâte de rencontrer de nouveaux cyclotouristes sur la route. Il suffisait de le demander : quelques minutes après nous croisons un norvégien qui parcourt le monde avec son vélo et 2 km après nous croisons un allemand qui roule quelques semaines à travers le Pérou.
Aujourd’hui, nous longeons le lac d’altitude ‘Lago Junin’. Nous croisons aussi pour la première fois des vigognes (de la même famille que l’alpaga, la laine de vigogne sert à faire des vêtements de luxe). Nous traversons peu de villages sur la route. Malgré un départ tardif ce matin, nous roulons bien et décidons de ne pas raccourcir l’étape à Carhuamayo mais de continuer jusque Junin.
A Junin, nous prenons le temps de trouver un bel hôtel bon marché et dont le propriétaire est vraiment sympathique. A peine nous commençons à nous installer que nous sommes abordés par trois cyclotouristes équatoriens ! Quelle journée de rencontres au milieu de rien !! Deux d’entre eux vont prendre un bus pour se rendre directement en Bolivie. Nous prenons donc rendez-vous demain matin (à 6h !) avec le 3ème pour faire un bout de route ensemble.
En début de soirée, nous sommes surpris par une coupure de courant dans l’hôtel. Nous en profitons pour aller diner dans un restaurant. Cependant, on se rend vite compte que la coupure de courant est générale. Pourtant la vie continue normalement : les gens circulent en ville avec lampes de poche et téléphones portables, les commerçants ont sorti les bougies et les restaurants (cuisinant au gaz) continuent leur service. C’est donc à la bougie que nous dinerons et savourerons notre pisco sour (boisson typique).
Junin – Jauja : des plaines de l’altiplano aux villes minières
Tôt le lendemain matin, le cyclotouriste équatorien nous attend en bas de l’hôtel. Nous donnons nos premiers coups de pédales ensemble mais les deux premières montées nous laisserons loin derrière lui. Nous lui disons que nous avançons tranquillement, il dit que ce n’est pas grave : il avance un peu et nous attend plus loin. Sur ce, il s’éloigne et nous ne le reverrons plus ! (enfin si, quelques semaines plus tard, à Cusco, à notre retour de trek). C’est donc seuls que nous continuons la route et atteignons, à 11h, La Oroya. La Oroya est connue pour avoir une fonderie métallique en plein milieu de la ville, ce qui en fait une des villes les plus polluées du monde. Nous pensions y faire étape, mais étant encore en fin de matinée, nous décidons de poursuivre jusque Jauja, ce qui nous fera une étape de 136 km !
La route aujourd’hui est très belle. Nous partageons le fond de la vallée avec une rivière longée par une voie de chemin de fer. Mais nous ne sommes pas les seuls en chemin car de très nombreux camions y circulent également. Si hier la route était bordée par une petite bande d’arrêt d’urgence, aujourd’hui nous sommes obligés de rouler directement sur la route : aucun bas-côté sur cette deux voies. Parfois nous nous retrouvons cramponnés à nos guidons avec un camion qui nous double, lui-même doublé par une voiture et avec un camion qui arrive en face (bien sûr, il faut imaginer les gros camions des films américains).
Il y a de nombreux et gros chiens dans les villages que nous traversons. La grande majorité ne bougera pas à notre passage, ou sinon nous les faisons fuir. A un moment cependant, nous passons à proximité d’un rottweiler qui commence à nous courser : “trace, trace!” crie Fabien. Cette fois-ci, nous serons les plus rapides.
Au bout de 100 km, nous décidons de prendre un petit café bien mérité. Ce fut une erreur stratégique. En effet, reprendre le vélo après fut douloureux, les muscles fatigués commencent à se faire entendre, mais la route étant assez facile, nous rejoindrons la ville en fin d’après-midi.
C’est fatigués que nous partons à la recherche d’un hôtel. Nous demandons notre chemin à deux policiers qui font la circulation. Sans hésitation, les policiers abandonnent leur carrefour et décident de nous escorter jusqu’au meilleur hôtel de la ville. C’est le genre d’hôtel que nous n’oserions pas nous payer en France et malgré qu’il soit un petit peu au-dessus de notre budget, nous prenons une chambre. On l’aura bien méritée !
Cette ville est agréable et les gens y sont sympathiques. Cette soirée à Jauja est une bouffée d’air frais et nous sommes bien contents d’avoir continué après La Oroya.
Jauja – Huancayo : dernière étape dans les Andes péruviennes
L’étape d’aujourd’hui est vite avalée : plat descendant, temps magnifique, paysage de campagne et traversée de nombreux villages. Les choses se compliquent à l’arrivée dans Huancayo. Les montées ou plutôt les murs s’enchainent avec des dos d’âne juste en bas des montées bien sûr, histoire de couper notre élan. Ici, pas besoin de radars pour faire ralentir les véhicules. Il suffit d’un bon dos d’âne et tout le monde s’arrête pratiquement pour réussir à le passer sans dégât. A cela vient s’ajouter les centaines de mototaxis, taxis et minibus qui nous coupent sans cesse la route pour s’arrêter devant nous pour déposer ou prendre des passagers. Cette entrée en ville est dangereuse et nos nerfs sont mis à rude épreuve.
Une fois en ville, nous retrouvons vite le sourire car à peine arrivés devant l’hôtel, nous croisons Christiane et Patrick. Avant qu’ils ne prennent leur bus, nous avons le temps d’un petit verre ensemble et de nous donner rendez-vous à Cusco. De notre côté, nous prendrons le bus demain pour rejoindre Cusco. Mais il n’existe pas de bus direct, il nous faudra 2 ou 3 bus pour enfin atteindre touristland.
Après une crêpe et des burgers mangés dans la rue (on a rarement mangé un si bon burger d’ailleurs), il est temps de retourner dans l’enfer du bus avec les vélos.
Huancayo – Ayacucho
C’est avec notre appréhension habituelle que nous passons notre nuit dans le bus. Le sommeil est difficile à trouver mais nous nous assoupissons vers minuit. Ce fut pour une courte durée car vers 1h du matin, les lumières du bus s’allument et une quinzaine de militaires armés s’engouffrent dans le bus. Les attaques de bus au Pérou étant assez connues des voyageurs, on commence à s’inquiéter. Cependant, les autres passagers, tous péruviens, ne semblent pas perturbés le moins du monde. Le bus repart, les militaires restent debout dans l’allée et les lumières du bus s’éteignent à nouveau. C’est donc avec le canon d’une mitraillette pointé contre le genou que Kristell fera une bonne partie du trajet.
Le bus arrive à destination à 3h du matin, au lieu des 5h que nous avions prévu. Autant dire que nous n’avons pas envie de nous aventurer dans la ville en pleine nuit. Nous attendons donc dans le terminal désert que le soleil pointe le bout de son nez. Nous ne sommes pas seuls, trois péruviens font de même. Rapidement, ils nous posent des questions sur nos vélos, nous et notre voyage. Ils sont enseignants dans un collège, l’une d’entre eux est l’abbesse de l’école. Les discussions sont très intéressantes et nous en apprenons beaucoup sur la vie dans les petits villages, l’éducation, l’Histoire, le traumatisme que fut l’exploitation des mines… Ils nous expliquerons notamment que les militaires sont dans la région pour combattre le narcotrafic. Nous sortons le réchaud et c’est autour d’un bon café très matinal que nous poursuivons jusqu’au petit jour. Nous nous quittons par une invitation à Huancavellica où malheureusement nous ne passerons pas suite à un changement d’itinéraire : nous devions repartir vers la côte à vélo puis, depuis Arequipa, prendre un bus vers Cusco, finalement nous partons directement pour Cusco.
A 6h, nous allons vers un autre terminal pour notre prochain bus. Les rues sont vides de gens, mais envahies de chiens. Finalement nous n’aurons pas de bus aujourd’hui. Nous descendons donc vers le centre-ville à quelques kilomètres de là. Ayacucho est une belle ville avec de nombreux patios typiques des villes espagnoles. C’est d’ailleurs dans un de ces patios que nous assisterons à une répétition de danses traditionnelles ce qui nous donne une petite ambiance de la Saint Loup se déroulant à la même époque à Guingamp.
Ayacucho – Andahuaylas – Cusco
Finalement, nous n’aurons pas de bus direct pour Cusco. Nous ferons une correspondance à Andahuaylas. Encore une fois, il faut négocier ardemment le transport des vélos. Dans le terminal d’Andahuaylas, nous observons des enfants de 7 ou 8 ans courir d’un voyageur à l’autre pour essayer de cirer leurs chaussures, même s’ils sont en basket. Après ce triste spectacle, nous prenons notre dernier bus de nuit pour atteindre Cusco à 5h du matin.
Nous arrivons dans une ville déserte et décidons de ne pas perdre de temps et de nous diriger vers notre hôtel. Après quelques tours de roues, nous sommes accompagnés par un gros chien qui nous suivra tout du long (depuis il doit être mort car il courrait après toutes les voitures, en campagne ça va, dans une ville comme Cusco, c’est suicidaire). Nous découvrons la plaza de Armas vide et paisible. Aux premiers rayons du jour, nous allons à l’hôtel où nous sommes très bien accueillis. Les vélos sont placés à l’abri et une chambre double vient de se libérer. L’hôtel est complet. C’est un havre de paix pour les baroudeurs en tout genre : backpackers, voyageurs à vélo ou en moto. En plein centre-ville, c’est un paradis à notre budget où nous passerons presque un mois.