Randonnées dans la Cordillère Blanche depuis Caraz – 17/07 au 29/07

Caraz

Lorsque nous arrivons à Caraz c’est un jour de fête. Les enfants défilent dans les rues déguisés, certains sur des chars de carnaval. On voit également défiler des danseurs traditionnels aux costumes de toutes les couleurs qui vont au Coliseo municipal donner un spectacle. On entend les fanfares, les tambours et les flûtes. Le soir il y a même un feu d’artifice tiré de la place principale. Le lendemain, c’est pareil, le surlendemain aussi. A priori, c’est une semaine (voire quinzaine) de fête !

A Caraz, nous profitons de la ville et de ses montagnes. Ici on laisse les sacoches de côté pour sortir les sacs à dos et les bâtons de rando. Les principales randonnées que nous faisons sont la Laguna Paron et le trek de Santa Cruz (un des plus connus du Pérou).

La Laguna Paron

Après renseignements, nous décidons de passer par une agence pour faire l’excursion jusque la lagune sur la journée. Nous faisons d’une pierre deux coups à l’agence : nous réservons la randonnée et trouvons notre première géocache péruvienne conservée par le proprio de l’agence.

Laguna Paron
Laguna Paron

Pour cette journée, nous avons donc un chauffeur qui nous conduit pendant deux heures sur la route chaotique jusque la lagune, nous attend deux heures et nous ramène à Caraz. L’avantage de passer par l’agence : pas beaucoup plus cher que de le faire soi-même en taxi, voiture particulière (lire la suite de l’article sur les colectivos pour comprendre que c’est un vrai avantage) et enfin la conduite est rassurante. De plus, le chauffeur devait nous expliquer plein de choses en chemin (d’après l’agence, mais il n’a rien dit mis à part des précisions sur les tarifs).

Petite pause maté de coca pour récupérer
Petite pause maté de coca pour récupérer

Quand nous arrivons à la lagune, le ciel est couvert. On ne voit pas les sommets environnants. Dommage. Nous commençons quand même notre balade. Le chemin est vraiment tranquille mais à plus de 4100m d’altitude la moindre montée fait s’emballer notre cœur et nous essouffle. Nous faisons donc une petite pause ‘maté de coca’ fourni par l’agence le matin même. Cette boisson répandue ici est une infusion de feuilles de coca servant à apaiser le mal d’altitude. Au moment du retour, au bout des deux heures prévues et presque arrivés au taxi, le soleil fait son apparition. Nous décidons de prolonger notre visite de deux heures et d’en profiter !

La lagune vue du mirador
La lagune vue du mirador

Le retour en taxi est aussi chaotique que la montée. On nous avait déconseillé de faire l’excursion en vélo, comme nous le souhaitions au début, à cause de l’état de la route. Nous sommes bien contents d’avoir suivi ce conseil.

Le Trek de Santa Cruz (4j/3n)

Carte du trek de Santa Cruz (chemin en rouge)
Carte du trek de Santa Cruz (chemin en rouge)

Le trek de Santa Cruz (55km environ) s’effectue généralement sur 4 jours. Habituellement, il commence à Vaqueria (3700m) et finit à Cashapampa (2900m). Etant à Caraz, il est plus pratique pour nous de le faire dans l’autre sens. Nous aurons donc environ 3200m de dénivelé positif et 2450m de négatif. Nous le faisons en solo, sans passer par une agence et sans guide (c’est tout à fait possible et autorisé). Nous cherchons donc un colectivo pour nous amener jusqu’au début du trek.

Définition d’un colectivo : veille voiture dans laquelle on met le plus de monde possible (nous étions 8 dans une voiture 5 places, nous nous partagions le siège passager avant). Le coffre aussi est rempli au maximum (le coffre déjà plein de gros sacs de grains et de nos sacs de rando, ils ont essayé de faire grimper un mouton également, mais finalement ça ne passait pas…). Une fois rempli, on s’élance à fond sur les routes comme si on faisait un rallye en longeant les ravins. Voici un colectivo 🙂

Jour 1 : Cashapampa – Llamacorral

Une fois arrivés vivants à l’entrée du parc, nous rencontrons un couple d’allemands (Agnes et David) qui démarrent également le trek, ils partent devant. Nous commençons la randonnée par une longue montée en longeant la rivière.

Petite pause bain de pieds dans la rivière
Petite pause bain de pieds dans la rivière

A peine partis, nous récupérons un nouveau compagnon de route. Dorénavant nous ne faisons plus la route à deux, mais à trois. Nous nommons notre compagnon Mayo (non pas parce que depuis que nous sommes au Pérou nous ne pensons qu’à manger, mais parce que le sommet le plus impressionnant de cette randonnée est l’Alpamayo). Ce chien est incroyable et rend notre trek encore plus agréable.

Mayo, notre fidèle équipier
Mayo, notre fidèle équipier

Il fait un temps idéal pour la marche. Nous faisons quelques pauses au bord de la rivière. En chemin nous croisons pas mal de vaches en liberté dans le parc. Nous croisons aussi beaucoup de mules et de muletiers qui vont à belle allure sur les sentiers avec leur lourd chargement. Nous arrivons sans problème au premier campement à 3760m (facile, il suffit de suivre les crottes de mules car il n’y a aucun panneau le long du chemin). Nous montons la tente vers 18h sur la zone de camping. Les zones de camping ne sont pas entretenues (une zone de camping = un terrain plat plein de crottes de mules avec des toilettes, ou plutôt un trou dans le sol, qui n’ont pas été entretenues depuis leur création). Ce sera l’occasion de tester pour la première fois le réchaud. Après une bonne dose de spaghettis au thon, sauce tomate et parmesan, nous voilà prêts à sombrer dans les bras de Morphée. Nous indiquons à Mayo qu’il peut dormir dans l’abside (cela ne l’empêchera pas de monter la garde près de la tente régulièrement).

Nuit de garde pour Mayo
Nuit de garde pour Mayo
Jour 2 : Llamacorral – Taullipampa

Après une bonne nuit de sommeil, nous revoilà d’attaque pour le deuxième jour. A 6h30, la pluie tombe sur la tente. Pas de problème, on attendra donc 8h pour se lever sous un magnifique soleil. Notre compagnon à quatre pattes est toujours là et poursuit la route avec nous sans que nous l’appelions. Le parcours d’aujourd’hui nous fait longer deux lagunes.

Lagune Jatuncocha (3880m)
Lagune Jatuncocha (3880m)

L’une des deux est asséchée, des chevaux et des vaches s’y reposent tranquillement. Mayo quant à lui est comme un fou, il chasse les oiseaux, les canards, court avec les poulains et aboie sur les vaches (20 fois plus grosses que lui et cornues). L’altitude ne semble pas du tout le gêner. Nous rencontrons plus de mules et de muletiers que de touristes en chemin. Des cadavres de mules, de chevaux et de vaches ponctuent le parcours.

Vue sur le chemin parcouru depuis la lagune
Vue sur le chemin parcouru depuis la lagune

Nous nous approchons du camp de base de l’Alpamayo, dont le sommet nous offre une superbe vue. Là, nous hésitons, faut-il poursuivre de ce côté ou traverser la rivière ? Les crottes de mules se font plus rares et après 45 min d’une montée difficile nous voyons des touristes qui redescendent mais de l’autre côté de la rivière ! Ce raté nous fera perdre 1h et nous sommes rattrapés par le couple allemand.

Vue sur l'Alpamayo
Vue sur l’Alpamayo

Nous avons payé assez cher l’entrée du parc mais rien ne semble entretenu : les sentiers, les emplacements de camping et l’inexistence de panneaux indicatifs. A quoi peut donc servir cet argent ? Finalement nous arrivons à notre deuxième campement avec une très belle vue sur les sommets enneigés environnant.

Vue sur le sommet Artesonraju qui inspira le logo de la Paramount (si!si!)
Vue sur le sommet Artesonraju qui inspira le logo de la Paramount (si!si!)

Ce sera le campement le plus élevé où nous dormirons (4280m). Nous nous installons encore une fois à proximité d’un groupe mais ils semblent épuisés car ils ne feront aucun bruit. Nous allons nous coucher vers 20h, une rude journée nous attend demain et la pluie pointe le bout de son nez.

Campement au pied de l'Alpamayo
Campement au pied de l’Alpamayo
Jour 3 : Taullipampa – Punta Union – Paria

Pour ce troisième jour de trek le réveil est matinal (6h) car une grosse journée nous attend. Nous sommes les premiers à partir du campement. La nuit fut fraiche mais avec nos sacs de couchage on a presque eu trop chaud ! Le temps est magnifique et on profite des sommets qui nous entourent.

Le beau temps nous permet de contempler le chemin déjà parcouru
Le beau temps nous permet de contempler le chemin déjà parcouru

Le temps d’une photo et Mayo part avec un groupe de touristes vers le campement. Nous avons un petit pincement au cœur, mais bon, il vit sa vie et on ne l’a pas adopté non plus. Nous poursuivons notre rude montée en direction de Punta Union (4750m).

La plus rude montée du parcours dans les cailloux
La plus rude montée du parcours dans les cailloux

15 min plus tard, nous demandons à des touristes de nous prendre en photo. Puis ils nous montrent au loin une boule de poil foncé vers nous « c’est votre chien ? – a priori oui». Mayo fidèle au poste est revenu. Le trio peut donc poursuivre l’ascension ensemble.

Dernière lagune avant le sommet
Dernier effort avant le sommet

Nous progressons lentement, le chien partant devant et se reposant à l’ombre en nous attendant ou revenant nous voir en courant dès que nous posons les sacs à dos.

Fabien pose devant le Taulliraju (et Mayo s'incruste)
Fabien pose devant le Taulliraju (et Mayo s’incruste)

Nous arrivons vers 12h à Punta Union où un groupe de touristes est déjà présent. Le ciel est très dégagé et nous pouvons apercevoir la lagune d’hier et tout le chemin parcouru. C’est magnifique.

Punta Union (4750m)
Punta Union (4750m)
Les mules surchargées souffrent aussi pour atteindre le sommet
Les mules surchargées souffrent aussi pour atteindre le sommet

Nous prenons le temps de nous ressourcer puis nous attaquons la descente de 4h dans les cailloux. Nous revoyons des lagunes et passons dans une forêt avant d’atteindre notre dernier campement à 3870m.

La descente aussi se fait sur un chemin caillouteux
La descente aussi se fait sur un chemin caillouteux

Un groupe de touristes est en cours d’installation. Contrairement à ceux croiser les autres soirs, ceux-là sont bruyant, ils n’ont pas encore vraiment marché, ils feront moins de bruit demain !

Après l'effort, le réconfort avec le diner en cours de préparation
Après l’effort, le réconfort avec le diner en cours de préparation
Jour 4 : Paria – Vaqueria

Le quatrième jour, nous nous réveillons sous une tente givrée. A 8h, il fait -1°C. La nuit a dû être très fraiche. Nous avons très bien dormi, aucun problème de froid : les sacs de couchage commandés juste avant le départ de France ont été un très bon choix (merci Fabien !).

Réveil gelé ce matin
Réveil gelé ce matin

Nous prenons bien le temps pour notre petit café car l’étape s’annonce tranquille : « 3h jusqu’à la sortie du parc » dixit un muletier. Le chemin est plat, nous traversons de grandes plaines avec des chevaux et des vaches. Nous arrivons rapidement à la sortie du parc où les gardiens sont allongés dans l’herbe au soleil. A notre arrivée l’un nous contrôle, l’autre jette des cailloux sur nos chiens (oui, ce matin nous sommes partis avec deux chiens : Mayo et un chien mutilé qui la veille se portait très bien avec son maitre péruvien). Ça nous fait mal au cœur, mais pas le temps de s’apitoyer plus longtemps, il reste encore 1,5h pour rejoindre Vaqueria d’où le dernier colectivo part à 13h.

Dernière plaine avant la sortie du parc
Dernière plaine avant la sortie du parc

Nous continuons donc à travers des petits villages où nous croisons beaucoup d’enfants menant des vaches, mules ou moutons et qui nous réclament de l’argent, des cookies ou des médicaments. Sans étonnement, le chemin n’est pas indiqué, ce sont les habitants qui vont nous guider. Nous finissons la matinée par une grande montée. Rincés sous ce soleil de plomb, nous commandons une bière en arrivant à Vaqueria. Pas le temps de s’asseoir ou de boire la bière, le colectivo arrive. On met les sacs à dos sur le toit et on saute à l’intérieur. Pas le temps de dire au revoir à Mayo (mais après avoir longuement réfléchi à l’amener avec nous), nous sommes entassés à 18 dans un van. Nous ferons le chemin (3h) dos à la route, sans place pour nos jambes. Nous ne verrons presque rien du magnifique paysage ponctué de superbes lagunes car nous sommes trop occupés à garder nos estomacs accrochés. Nous arrivons rincés à Caraz mais bien contents de ce superbe trek dans la Cordillère Blanche.

A Caraz, nous retrouvons les allemands au restaurant. Puis nous rencontrons des français qui nous disent que notre projet « c’est bien un truc de breton ça ». Nous revoyons, encore, Amanda et Antonio déjà croisés à Cuenca en Equateur (voici leur site internet, n’hésitez pas à le visiter pour en avoir plein les yeux : http://www.theadventurejunkies.com/).  Nous croisons également Christiane et Patrick, un couple lyonnais qui voyage à vélo de Quito à Ushuaia !

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