Direction l’Oriente – 10/06 au 11/06
De l’avenue des volcans à la route des cascades
Le départ, aujourd’hui, est tardif (après l’almuerzo). Itinéraire de la journée : la route des cascades. Nous quittons donc l’Avenue des Volcans sur laquelle nous circulions et qui regroupaient les plus hauts (et les plus beaux, parait-il) volcans des Andes. Notre idée première était de continuer dans la Sierra (les Andes). Après discussions avec nos différents hôtes, tous nous conseillaient de passer par l’Oriente (l’Amazonie) pour la variété des paysages.
Un peu inquiets pour le paludisme (nous n’avions pas prévu d’aller dans une zone infectée en partant de France), nous avons imprégné nos vêtements d’insect écran pour éviter les piqûres et hop nous voilà partis, direction l’Oriente !
En début d’après-midi, nous entamons la route des cascades qui doit nous mener de Baños à Puyo. Comme son nom l’indique, nous pouvons admirer des cascades tout du long, certaines donnent sur la route et d’autres nous tombent carrément dessus ! Génial !
La route est plutôt tranquille et aménagée pour les vélos. Il y a des pistes cyclables le long des montagnes ce qui nous permet de contourner les tunnels empruntés par les autres véhicules. Nous profitons de cette ballade et prenons même le temps de faire une nano-cache (et de 2 !).
Mais nous ne tentons pas les multiples tarabitas (invention inca) permettant de traverser les rivières d’une montagne à l’autre.
Toujours en continuant notre avancée vers l’Amazonie, nous subissons quelques averses tropicales. Sans crier gare, des murs d’eau s’abattent sur nous et à la moindre éclaircie la chaleur se fait ressentir (+ de 26°C tout l’après-midi).
Notre dernière étape nous ayant servi de leçon, à 17h, nous nous mettons à la recherche d’un abri pour la nuit. (Rappel : à 18h30 il fait nuit noire ici). Nous sommes dans la petite ville de Méra, à une quinzaine de kilomètres de Puyo. Nous essayons de trouver refuge chez les pompiers, mais après 20 min d’attente, toujours personne à la caserne, il ne doit pas y avoir de permanence. Nous trouvons finalement un (l’unique) « hôtel » en ville qui nous demande 24$ pour la nuit. C’est trop cher, mais aucune négociation n’est possible (on devait pourtant être ses seuls clients !). Finalement nous trouvons refuge au convent où Aurelio nous accueille à bras ouverts avec deux tasses de café. Nous installons notre lit douillet (et nos vélos) dans la salle réservée aux dons et à la préparation à la profession de foi.
Nos amis les bêtes…
Le lendemain, nous sommes sur le départ de bonne heure … ou presque. Nous avons fait une nouvelle crevaison en essayant de regonfler le pneu. Ce qui porte le nombre de crevaison à 2. (Tiens, comme notre nombre de chambres à air de rechange.) Nous arrivons à Puyo, complètement trempés, pour le desayuno à l’américaine (œufs brouillés, jus de fruit frais, marmelade, café au lait, pain et fromage frais). Nous en profitons pour regarder la carte afin de chercher un endroit où passer la nuit entre Puyo et Macas (130 km séparent les deux villes). Une cliente présente dans le restaurant nous assure qu’il y a un hôtel dans le village nommé Simon-Bolivar à une quarantaine de kilomètres de Puyo.
Après le petit-déjeuner, direction tous les magasins de cycles de Puyo (on a dû en fait 5) à la recherche de chambres à air. Peine perdue, il semble que la taille (28 pouces) et le type de valve (presta) soient très peu répandus ici.
Nous reprenons la route vers Macas. Le temps s’est un peu calmé (on a toujours quelques averses) et la route est nouvellement goudronnée : parfait. A nous le versant Amazonien ! Tout est vert ici. La forêt se contemple à perte de vue. Elle est composée d’arbres aux fruits inconnus. Il y a de plus en plus de maisons en bois avec le toit en taule ou en paille. Quelques vaches sont attachées sur l’herbe bordant la route ou dans les champs avoisinant. Les poules sont très fréquentes sur le bord des routes et les coqs annoncent notre arrivée. Sans oublier, bien sûr, notre plus fidèle ennemi : les chiens.
Ici ils ne se contentent pas d’aboyer ou de nous suivre sur quelques mètres. Ils nous coursent crocs dehors jusqu’à ce qu’on les sème. Ils ne sont pas effrayés pas l’habituel « TCHAAA !! », il faut sortir le bâton de randonnée, les menacer, s’arrêter, les menacer de nouveau… Et forcément, plus on est de fous, plus on rit, ils sont souvent deux ! et on en récupère à chaque nouvelle maison. Ce ne sont pas des petits chiens mais plutôt moyens, type bergers allemands… On pense aussi que lorsque les maîtres sont dans le coin, les chiens ne vont pas nous ennuyer. Que nenni, le berger allemand fonce sur nous pendant que la dame regarde tranquillement sans broncher…
Le même schéma se répète à chaque « zona poblada ». Je me mets donc à la hauteur de Fabien et c’est lui qui gère les chiens (très bien d’ailleurs). Après un village, c’est décidé, on s’arme de pierres (comme le recommande tous les cyclos). Avec la pierre que me donne Fabien je peux en tuer deux !, mais bon le but c’est de les faire fuir.
En fin d’après-midi, s’en est trop, je craque. Je n’ai pas tout lâché pour venir ici à me demander à chaque virage si j’allais me faire mordre un peu plus loin.
Nous décidons de finir l’étape jusqu’à Simon Bolivar puis demain on ira à Macas en bus. Arrivés au village, on demande l’hôtel conseillé le matin même à Puyo. « Hôtel ? Il n’y a pas d’hôtel ici ! ». Ah… Nous décidons donc d’aller demander au restaurant du village s’il y a un petit coin pour poser notre tente pour la nuit. L’unique restaurant est tenu par Mariana. Cette petite dame nous dit qu’on pourra mettre nos matelas par terre dans la salle du restaurant, ce soir, quand celui-ci sera fermé. Ce qu’on accepte avec plaisir. La journée se termine donc par un copieux plat cuisiné par notre hôte. Le soir tombé, Mariana nous dit que si on veut, on peut même utiliser une de ses chambres qui est non utilisée. Ce soir nous dormirons donc dans un bon lit !
Les vélos dans la soute, direction Cuenca
Comme décidé la veille, nous poursuivrons notre chemin vers Macas en bus, puis un autre bus jusque Cuenca (ça c’était déjà prévu).
Après un copieux petit déjeuner, nous réfléchissons au moyen de sauter dans un bus et mettre nos vélos et nos affaires dans les soutes sans faire de dégâts. Finalement tout est jeté dans la soute et le trajet sur le versant amazonien commence : stress pour les vélos à chaque virage et à chaque saut du bus (pour Fabien), observation du paysage (pour Kristell).
Le vert est omniprésent ici et de nombreux panneaux du gouvernement rappellent qu’il est important de protéger la forêt et pour promouvoir le tourisme. Enfin bon, ils disent aussi de ne pas jeter les ordures n’importe où. A priori le message ne passe pas : ma voisine de bus mange son yaourt puis ouvre la fenêtre du bus et jette le pot le plus naturellement du monde. En parlant de panneaux, nous en avons rencontrés des biens particuliers sur la route : attention aux éruptions, attention aux lahars et même attention à la faille géologique !
Nous croisons un pont à la Indiana Jones au-dessus d’une rivière agitée où doivent nager de gros poissons et autres bestioles. D’ailleurs il y a régulièrement des panneaux indiquant des lieux de pêches sportives. Nous voyons quelques petites églises, des écoles colorées, des terrains de football aux poteaux de but en bambou… Nous croisons beaucoup d’enfants en uniforme, à toute heure de la journée.
L’arrivée à Macas se fait pour l’almuerzo. Nous hésitons à passer un peu de temps ici puis prendre un bus de nuit pour faire les 8 heures qui nous séparent de Cuenca. Finalement, nous prenons le prochain bus : le chauffeur nous ayant convaincu qu’il nous indiquerait un hôtel sûr et pas cher à Cuenca lors de notre arrivée de nuit. Les vélos rentrent très difficilement dans les toutes petites soutes. Je vous passe les détails du voyage, mais Fabien n’a pas pu fermer l’œil de tout le trajet. A chaque bruit métallique suspect ou dos d’âne pris sauvagement par le bus, Fabien faisait une grimace.
Nous arrivons vers 21h30 à Cuenca. Les vélos sortent indemnes des soutes et comme promis le chauffeur nous indique un hôtel pour la nuit. Nous revoilà dans la ville pour une bonne nuit de sommeil !