Le parc du Cotopaxi – 31/05 au 03/06
Premiers tours de pédales
Ça y est c’est l’heure du départ, nous partons de chez Ana Lucia et Santiago avec un sentiment d’anxiété mais aussi d’excitation. Notre première étape consistera à rallier Tumbaco à Machachi, une petite bourgade aux pieds du Cotopaxi et à 54 km de notre point de départ.
Nous suivons un itinéraire planifié la veille avec Santiago qui nous permet d’éviter le trafic important aux abords de la capitale. La route est vallonnée mais belle et semble plaire à un nombre important de cyclistes en ce weekend ensoleillé. Nous croisons d’ailleurs un groupe avec lequel nous partageons notre projet. Ils semblent emballés et nous encouragent vivement avant de repartir.
Plus tard, moment insolite, nous nous arrêtons à une barrière de péage que les contrôleurs nous laissent passer sans payer.
Tumbillo, dernière ville avant la mythique Panaméricaine, est atteinte en milieu d’après-midi. C’est avec une certaine appréhension que nous nous lançons sur cette 2*2 voies au trafic important pour achever les 15 derniers km qui nous séparent de Machachi. Nous roulons sur la bande d’arrêt d’urgence qui reste assez étroite sur certaines portions.
Nous arrivons en fin d’après-midi à Machachi, éreintés par cette première journée qui nous fait comprendre que nous ne sommes pas encore physiquement au point. Toujours sur les conseils de Santiago, nous allons trouver refuge chez les bomberos (les pompiers) de la ville qui nous mettent à disposition leur salle de sport pour y dormir. Avant d’aller nous coucher, le chef de la section nous explique brièvement la fonction des différents interrupteurs : l’un allume la lumière de notre salle, l’autre sonne l’alarme en cas d’urgence…
Quand ça monte, ça monte …
Le lendemain, après quelques emplettes, nous nous dirigeons vers la route qui mène au Cotopaxi. Le parc qui entoure le volcan, dispose de deux voies d’accès. La Entrada Norte, à 20 km de Machachi sur une piste caillouteuse et la Entrada Sur dont la route a la particularité d’être asphaltée mais deux fois plus longue.
Contre les conseils d’un des bomberos, nous choisissons la première des deux options. Nous comprendrons plus tard notre douleur. En effet, après 3 premiers kilomètres descendants, nous stoppons notre avancée face à un mur de cailloux qui ne nous laisse pas d’autre choix que de descendre des vélos et de les pousser.
Après 5km de montée, nous comprenons qu’il nous sera difficile de rallier le parc du Cotopaxi avant sa fermeture. Nous décidons donc d’alpaguer un des rares pick-up à remonter jusqu’au parc. Celui-ci nous propose, contre 10$ de nous amener à destination. Nous ne négocions pas et chargeons les vélos. Après 10 km, le conducteur s’arrête net, nous demandant 10$ de plus pour terminer les 5 derniers kilomètres. Nous refusons et décidons de poursuivre avec les vélos.
Nous rejoignons péniblement et contre le vent la Entrada Norte (à 3500 m d’altitude) à 15h30. Le garde nous indique que le parc ferme à 15h (finalement l’entrée est possible jusque 17h uniquement pour ceux qui dorment sur place, ouf !!!). Mais il nous informe aussi que le prochain camping est encore à 10 km !
Malgré un splendide décor, avec des chevaux galopant librement sur l’Altiplano, surplombé par le majestueux Cotopaxi, nous nous arrêtons épuisés au bout de 3 km à la première hosteria rencontrée. A notre grand bonheur, celle-ci fait aussi camping et restaurant.
En montant la tente, nous sommes récompensés de nos efforts en voyant les nuages se disperser autour du volcan laissant ainsi dévoilé son sommet neigeux ce qui nous laisse l’occasion de prendre quelques belles photos. Le coucher est venteux, mais le ciel de pleine lune est très dégagé, nous donnant une magnifique image des neiges du Cotopaxi sous la Croix du Sud.
Comme conseillé dans tous les guides, le réveil est programmé le lendemain pour voir le Cotopaxi au lever du soleil. Après un passage de tête hors de la tente pour constater que tous les environs sont couverts de brume, nous replongeons dans notre sommeil. Aujourd’hui c’est grasse mat !
En début d’après-midi, nous enfourchons les vélos pour une courte journée de 7 km le temps de profiter du parc et notamment de la belle laguna de Limpiopungo à 3830 m d’altitude.
Après cette étape (dont 1 km de vent dans le dos !) nous rejoignons le camping du parc national. Nous hésitons à poursuivre notre route ou rester dormir encore une nuit sur place. Un guide local finira par nous convaincre avec la magnifique vue sur le Cotopaxi (il faut dire qu’il a été découvert toute l’après-midi : superbe, surtout que c’est rare). Dans la soirée, nous échangeons brièvement avec deux Québécois venant passer leurs vacances en Equateur et tenter l’ascension du fameux volcan.
Cette nuit-là, nous nous remémorons les paroles de Santiago : « Vous connaissez l’Altiplano ? » et nous « Oui, oui ». En fait, maintenant on connait : un vent frais et violent… Le sommeil s’en ressent un peu.
… Mais quand ça descend, ça descend !
Ce matin, réveil de bonne heure, une grosse journée nous attend : 50 km… de descente quasi ininterrompue. Dans le parc du Cotopaxi, les pistes sablonneuses laissent place à une belle route asphaltée avec en prime une piste cyclable ! Malgré un vent de face, le record de vitesse a été battu (62,7 km/h).
S’ensuivent 20 derniers kilomètres sur la Panaméricaine. Sur cette portion, la route fait 2*3 voies avec une grande bande d’arrêt d’urgence sur laquelle nous nous sentons en sécurité. Tout au long du chemin, nous voyons des pouces ou des mains se lever pour nous encourager. De nombreux klaxons (avec de grands sourires) nous accompagnent. Un camion circulant dans le sens inverse nous a bruyamment klaxonné et plus insolite, et toujours de l’autre côté de l’autoroute, un groupe de cyclistes nous a sifflé en nous saluant. Le vent nous oblige tout de même à pédaler tout du long. Nous avalons les kilomètres et rejoignons Latacunga pour l’Almuerzo.
Ce soir nous dormirons chez notre hôte local, Javier, contacté via Warmshower. Notre prochaine étape : La lagune du Quilotoa (sans les vélos !).