Caraz – Huanuco en passant au-dessus du Mont-Blanc – 30/07 au 13/08

Caraz – Carhuaz – Huaraz : une route pleine de rencontres

Nous décidons de reprendre doucement le vélo et de rejoindre Huaraz en deux jours (73 km en montée). La route est asphaltée tout du long et nous alternons montées et descentes. Nous n’avons jamais autant salué et été salués sur le chemin. Que de sourires et de bras levés !! En chemin, nous passons devant le mémorial de Yungay. La ville a été détruite en 1970 par un tremblement de terre qui fit s’effondrer les neiges de la montagne Huascaran et ensevelir la ville et ses habitants.

En gris clair sur le mont Huascaran la trace de ce qui a été emporté par l'avalanche est toujours présente
En gris clair sur le mont Huascaran, la trace de ce qui a été emporté par l’avalanche est toujours présente

Le premier jour, nous arrivons en début d’après-midi à Carhuaz. Nos amis français, Christiane et Patrick, faisant le même chemin que nous avec un jour d’avance, nous bénéficions de leur conseil pour l’hôtel. Nous ne perdons donc pas de temps en recherche et allons directement à l’hôtel conseillé où nous sommes très bien accueillis pour presque rien. Nous trouvons également un petit resto tenu par un argentin pour nous requinquer.

La deuxième étape est elle aussi rapidement réalisée. Cependant, nous partageons la route avec de nombreux taxis, bus et camions. Vers midi, nous arrivons dans Huaraz, grande ville touristique au milieu des Andes, ville départ de nombreux treks. Nous arrivons à la place centrale (Plaza de Armas, comme dans toutes les villes du pays), un peu perdus à la recherche d’un hôtel. A peine arrêtés, nous sommes interpelés par Antonio et Amanda. C’est la 3ème fois que nous les rencontrons, la première fois c’était en Equateur.  Ils nous indiquent leur hôtel. Nous ne perdons pas de temps et allons nous y installer. Nous nous reposons quelques jours à Huaraz et en profitons pour manger des pizzas, pâtes et même des hamburgers d’alpaga.

Plaza de Armas de Huaraz
Plaza de Armas de Huaraz

Le dernier jour, l’hôtel familial où nous sommes se transforme en un repère de cyclotouristes : en plus d’Amanda, Antonio et un de leur ami, nous rencontrons un italien et un français. Sergio, l’italien, s’apprête à traverser les Andes par le même chemin que nous, à la même période, nous risquons de nous croiser sur la piste. Il nous donne plein d’infos dont la carte indispensable à notre traversée (avec tous les points d’eau, les campements possibles…), une vraie mine d’informations, idéal la veille du départ. Le matin de notre départ nous croisons un breton de Saint Brieuc qui fait le chemin en sens inverse depuis Ushuaia. Nous passons pas mal de temps à discuter. Il nous indique notamment que la famille chez qui nous sommes attendus dans une semaine à Huanuco est formidable. On a encore plus hâte de prendre la route !

La ruta Pastoruri : la route du changement climatique

C’est donc tardivement que nous partons de Huaraz. Sergio a deux heures d’avance sur nous. Nous faisons 43 km sur la route asphaltée avant d’arriver à une piste menant vers le parc.

Route asphaltée avant l'entrée du parc
Route asphaltée avant l’entrée du parc

 

Une route qui porte bien son nom
Une route qui porte bien son nom

Peu de circulation sur cette portion. Nous sommes un peu plus tranquilles. Nous attaquons les 13 km de piste en milieu d’après-midi. Les premiers kilomètres se font sans trop de problème, même si de gros nuages de poussières sont soulevés au passage des bus et pick-up sortant du parc. Puis la piste devient plus difficile (ou bien ce sont nous qui devenions de plus en plus fatigués). Nous sommes surpris par le soleil couchant. Nous décidons de continuer pour rejoindre l’entrée du parc, mais la fatigue nous oblige à monter la tente à 4 km de la destination. Nous sommes donc au milieu de rien et commençons à nous installer. Nous découvrons notre première Puya Raimondii de nuit, pas idéal pour la photo.

Premiers kilomètres de piste à l'assaut de la Cordillère Blanche
Premiers kilomètres de piste à l’assaut de la Cordillère Blanche
Derniers kilomètres avant l'entrée du parc
Derniers kilomètres avant l’entrée du parc

Le lendemain matin, nous effectuons les 4km qui nous séparent de l’entrée du parc. Pendant que Kristell se charge de l’administratif, Fabien va trouver Sergio qui replie ses affaires de camping. Il nous a vainement attendus hier, on se donne donc rendez-vous pour le soir même. Sergio part devant, alors que nous prenons bien le temps d’un petit déjeuner avant de partir. Quand nous reprenons la route, de nombreux bus touristiques font le même chemin que nous. Nous ne sommes plus les seuls à profiter des Puyas Raimondii, ces impressionnantes fleurs des hautes altitudes des Andes pouvant vivre plus de 100 ans et ne possédant qu’une seule floraison.

La fameuse Puya Raimondii
La fameuse Puya Raimondii

Après 5km, la piste monte franchement, nous obligeant à pousser les vélos pour arriver jusqu’à des peintures rupestres… sans aucun intérêt. Sur la route, nous rencontrons de nombreux troupeaux de moutons et de vaches. Les bergers vivent dans de petites cabanes dans le parc avec leurs animaux.

Les montagnes sont habitées par quelques bergers et leurs troupeaux
Demeures des bergers dans les montagnes

A 18h, nous arrivons à la route menant au glacier Pastoruri. Nous pouvons profiter d’un magnifique coucher de soleil éclairant le glacier lui donnant une teinte rosée. Là il nous faut faire un choix : se rapprocher du glacier (+3,5 km de mauvaise piste) et camper à son pied à près de 5000m d’altitude ou passer le col (1km) et redescendre encore 6km jusqu’à un spot de camping sauvage où nous attend Sergio.

Glacier Pastoruri en fin de journée
Glacier Pastoruri en fin de journée

N’ayant pas trop envie de nous aventurer sur une piste inconnue à 5000m à la tombée de la nuit, nous optons pour la descente qui nous parait plus sécuritaire. Nous ne nous attardons pas et atteignons le col à 4820m ! Après une petite photo souvenir, il est temps de descendre jusqu’au campement. Nous enfourchons les vélos et entamons notre descente. Au bout de quelques minutes, on allume les lumières et on s’équipe des frontales. Mais on se rend vite compte qu’on n’y voit plus rien. Il faut descendre des vélos pour éviter une chute. Il fait maintenant nuit noire et comme si cela ne suffisait pas, un vent de face se lève, puis la neige s’en mêle. Les flocons nous fouettent le visage. Il nous ait impossible de nous arrêter : les deux côtés de la route sont à pic. Ce qui nous aide à tenir c’est une lueur au loin. Arrivés à sa hauteur, la lueur disparait. C’est après avoir parlé en français entre nous que la lumière se rallume et qu’on aperçoit Sergio. Il nous avouera plus tard avoir eu peur en voyant nos lampes près de sa tente et qu’il attendait les visiteurs avec son couteau suisse. Sergio se précipite pour nous aider à nous installer. Il nous dit qu’il ne nous attendait plus et qu’on est fous d’arriver à cette heure-ci. Il nous dira aussi : « si vous survivez à ce voyage, vous pourrez tout faire ». C’est épuisés que nous nous endormons ce soir-là.

Café du matin en compagnie de Sergio
Café du matin en compagnie de Sergio

Le lendemain matin, nous prenons notre café avec Sergio. Nos tentes sont gelées. Nous attendons impatiemment que le soleil pointe le bout de son nez pour nous réchauffer. Aujourd’hui, nous ferons une quinzaine de kilomètres au-dessus des 4800m pour finalement atteindre l’altitude de 4880m, record de notre voyage pour le moment!

Chaque montée nous permet d'admirer un superbe panorama
Chaque montée nous permet d’admirer un superbe panorama

 

Nous voilà enfin arrivés à 4880m !
Nous voilà enfin arrivés à 4880m !
La preuve ! (à 2m près...)
La preuve ! (à 2m près…)

Les paysages sont magnifiques et passé le glacier Pastoruri, il n’y a plus de touriste, nous sommes les trois seuls à en profiter. Enfin presque : un minibus de japonais de Tokyo arrivent à notre hauteur, sortent et nous mitraillent avec leurs appareils photos. Nous avons l’impression d’être de vraies stars pour eux.

A cette altitude, les nuages épousent les montagnes
A cette altitude, les nuages épousent les montagnes
Derniers tours de roues dans le parc
Derniers tours de roues dans le parc

Après le col, c’est de la pure descente, tout d’abord sur la piste du parc, puis sur une magnifique route asphaltée jusqu’à Huallanca. A 15h, nous sommes tous les trois dans la ville en train d’installer nos vélos dans l’hôtel. Cette journée de route avec Sergio fut vraiment agréable, il nous répètera souvent : « Today, we have time » avec un petit sourire en repensant à la veille.

Récapitulatif de notre traversée de la Cordillère Blanche par la Ruta Pastoruri
Récapitulatif de notre traversée de la Cordillère Blanche par la Ruta Pastoruri

 

Huallanca – Huanuco : les gringos dans l’authentique sierra péruvienne

Le lendemain, nos chemins se séparent : nous allons traverser plein de petits villages de la cordillère pour rejoindre Huanuco et Sergio lui retraverse le parc pour finir une boucle qui le mènera jusqu’à Lima. La route partant de Huallanca est très jolie : nous traversons des canyons et passons dans des vallées verdoyantes.

Nouveaux paysages de l'autre côté des montagnes
Nouveaux paysages de l’autre côté des montagnes
Agréable route suivant le cours de la rivière
Agréable route suivant le cours de la rivière

Nous croisons de nombreux troupeaux de moutons, vaches, cochons et ânes sur la route (comprendre : au milieu de la route !). C’est d’ailleurs sur cette route que Kristell se fait courser par un âne, lui-même suivi de Fabien, qui lui est coursé par deux chiens et enfin il y a les deux propriétaires de ces animaux qui terminent la file en essayant de récupérer leurs bêtes (enfin surtout l’âne à priori).

Nous partageons la route avec toute sorte d'animaux
Nous partageons la route avec toute sorte d’animaux

Les côtes s’alternent avec les descentes, mais rien à voir avec ce que nous avons connu avant. Nous ne mettons pied à terre que pour faire une petite pause déjeuner à l’ombre près de la rivière, pour nous ravitailler dans un petit commerce ou tout simplement pour trouver un logement pour la nuit. A peine arrivés dans le village de Tingo Chico, on nous propose un endroit pour poser la tente. Cependant, il est encore tôt et nous préférons prendre le temps de nous trouver un toit pour la nuit. Nous dormirons finalement au-dessus de l’unique restaurant du village dans une petite chambre spartiate mais à l’abri pour la nuit.

Nous parcourons la vallée d'une montagne à l'autre
Nous parcourons la vallée d’une montagne à l’autre

Pour rejoindre le village suivant, Chavinillo, il nous faut faire un long détour (il y a deux jours nous étions sur la montagne d’en face) pour enfin atteindre un pont qui nous permette de traverser la rivière. Après une longue montée nous arrivons à l’entrée du village où trois messieurs nous certifient que l’hôtel d’en face est le meilleur de la ville. Finalement nous n’écouterons que nous et traverserons le village pour prendre un hôtel dans le centre-ville. Les messieurs avaient bien raison, l’hôtel à l’entrée du village était beaucoup mieux pour le même prix… Tant pis, au moins nous avons eu une gentille hôtesse qui nous a permis d’appeler nos prochains hôtes pour notre arrivée le lendemain.

La couronne de l'Inca
La couronne de l’Inca

Voilà nous y sommes : On en a marre ! Beaucoup de cyclo nous avaient prévenus : « il y aura forcément un moment où vous en aurez marre du Pérou » et bien nous c’est maintenant. Les klaxons, les voitures/camions qui nous frôlent, les gens qui crient « gringo » à travers les montagnes et les champs sur notre passage ou bien ouvrent leur vitre de voiture pour nous crier à la figure « gringo » en nous doublant, mais le pire ce sont les personnes qui nous réclament de l’argent en faisant un geste de la main. On essaye de garder notre calme, le sourire, on salue les enfants, les paysans à travers les champs. Mais là on n’en peut plus. Certains villages sont ultra-souriants et accueillants, d’autres s’immobilisent, la vie s’arrête sur notre passage et toutes les têtes se tournent vers nous sans même répondre à nos salutations tellement la surprise semble grande. D’autres enfin ne répondent pas à nos sourires ou salutations mais ne semblent qu’attendre que les gringos leur jettent des billets de banque.  D’ailleurs ici tout est question d’argent, les principales questions concernent le prix des choses en France (le prix de notre vélo est une question banale, mais on nous a même demandé le prix d’un tractopelle ?!).

Pour vous donner une image de ce que nous ressentons, imaginez-vous un touriste hollandais en Bretagne qui vous dit « bonjour » en souriant. Attendez d’être à sa hauteur et criez-lui « TOURIIIIIIIIIIISTE ». Imaginez ensuite cette situation se reproduisant 150 fois dans la journée, puis sur plusieurs jours.

Puis les klaxons incessants, les camions qui vous frôlent en klaxonnant vous faisant perdre l’ouïe un instant, vous faisant sursauter et vous devez vous cramponner au guidon pour ne pas perdre l’équilibre. Bref, sur ces petites routes de montagne bien jolies, il faut être aux aguets et constamment essayer de ne pas mourir écraser par un camion en essayant d’éviter un nid de poule.

On n'a pas dû passer au bon moment...
On n’a pas dû passer au bon moment…

Vous l’aurez compris, c’est épuisés physiquement, mais surtout moralement que nous arrivons à Huanuco après 75km de vélo (alors que la carte n’en annonçait que 50 ! ce qui augmente encore davantage l’épuisement). A l’entrée de la ville un grand panneau nous annonce que nous venons d’arriver dans la ville ayant le meilleur climat du monde (rien que ça !). C’est donc avec un énorme vent de face, que nous suivons notre hôte venue nous chercher à l’entrée de la ville en moto-taxi (la classe !).

Eglise de Huanuco
Eglise colorée de Huanuco

Nous voici chez Midori et sa famille. L’accueil est très chaleureux, nous partageons tous les repas ensemble et échangeons sur nos cultures. Nous en découvrons beaucoup sur la vie dans les campagnes, dans la Selva (partie Amazonienne du Pérou), nous apprenons des mots en quechua et comble du bonheur, nous mangeons du pain français tous les jours ! La famille tient une boulangerie faisant de très bons pains (les meilleurs qu’on ait mangés jusqu’ici) et de délicieuses tartes.

Costumes des tribus d'Amazonie pour fêter l'anniversaire de la ville
Costumes des tribus d’Amazonie pour fêter l’anniversaire de la ville

Nous tentons une ballade dans le centre-ville, mais tout le monde a les yeux rivés sur nous, parlent de nous, nous montrent du doigt (et oui, c’est une ville très peu touristique). Nous décidons de tenter pour la première fois un moto-taxi. Nous parcourons donc la ville incognito, pour quelques soles en ayant l’impression d’être dans Mario Kart : on fait la course avec les centaines d’autres moto-taxis et on peut même jeter des peaux de bananes par les fenêtres (si ! si ! c’est ça le pire…)

Un des milliers de moto-taxi (agréable à l'intérieur, un enfer pour les cyclistes)
Un des milliers de moto-taxi (agréable à l’intérieur, un enfer pour les cyclistes)

Ces quelques jours à Huanuco furent très reposants et le moral est remonté à bloc ! Nous pouvons donc poursuivre sereinement notre chemin jusqu’à Cerro de Pasco.

Famille de Midori dans la panaderia
Famille de Midori dans la panaderia

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