Chiloe Express – 23/01 au 27/01

La grande île de Chiloe, entre Histoire et légendes

A partir de Puerto Montt, deux chemins s’offrent à nous : le départ de la magnifique et mythique Carretera Austral ou la Grande Ile de Chiloé. Comme nous allons parcourir quasiment 1000km sur la Carretera Austral, nous décidons de profiter de l’opportunité d’aller découvrir l’île de Chiloé.

Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, cette île de 200km de long sur 50 de large est loin d’être plate. En effet, elle fait partie de la cordillère de la côte.  Selon la légende, ce terrain accidenté est le résultat d’une lutte acharnée entre le serpent des mers, dieu des océans et le serpent des terres, dieu protecteur des hommes.

De par sa géographie, Chiloe possède une place particulière dans l’histoire du Chili car elle fut la dernière à être colonisée par les espagnols. Les jésuites y construirent pas moins de 200 églises et l’île fut le dernier bastion de la résistance contre l’indépendance.

SONY DSC
Le trauco vit dans les bois et force les femmes à avoir des relations avec lui. Pratique pour expliquer une grossesse surtout que les hommes le craignent car son regard peut être mortel.
DSC09290
La pincoya envoûte les hommes au premier regard. Elle est aussi annonciatrice d’une pêche abondante si elle est tournée vers la mer.

Puerto Montt – Chacao : direction l’embarcadère

Difficile de quitter notre petit confort à Puerto Montt, mais après un jour de repos, il nous faut reprendre la route. C’est à midi que nous partons, toujours en compagnie de Camille. Après avoir longé le rivage dans la ville, nous nous attaquons à une montée d’un pourcentage impressionnant, difficile pour la reprise.

Nous traversons quelques villages de pêcheurs avec encore quelques bonnes montées avant de rejoindre l’autoroute. Elle est interdite aux vélos mais nous ne sommes pas les seuls à utiliser la bande d’arrêt d’urgence comme piste cyclable. Ici, finit les côtes coriaces, mais finit également les beaux paysages. L’autoroute est plutôt monotone avec du vent latéral et même quelques taons (alors que la saison est sensée être terminée).

SONY DSC
En route pour Chiloe!

En fin d’après-midi, nous arrivons à Pargua, fin du continent et point de départ vers l’île de Chiloé. Après un petit tour dans le village, la police nous indique qu’il sera plus facile de trouver un endroit où camper directement sur l’île. Nous embarquons donc dans un des très fréquents bateaux effectuant la traversée et en 25min, nous posons nos pieds et nos roues sur Chiloe.

A Chacao, petit village dans lequel nous débarquons, on nous indique un camping dans le jardin d’une famille. Avec les enfants qui marchent sur notre tente, envoient le ballon dans les tentes, se prennent les pieds dans les fils, crient et pleurent et les chiens qui se mêlent au groupe, l’ambiance est peu reposante pour trois cyclistes fatigués. Une fois tout ce beau monde au lit, la tranquillité regagne les lieux et nous nous reposons pleinement.

Chacao – Ancud : sur la route du Cap Horn

Chiloe ne faillit pas à sa réputation d’être une des zones les plus pluvieuses (avec seulement 60j de soleil par an) et nous nous réveillons sous un petit crachin. Après avoir chassé la vingtaine de pince-oreilles refugiés dans nos sacoches, nous reprenons la route 5. Aux abords de l’embarcadère, la route est une 2×2 voies pour absorber chaque vague de véhicules sortant du ferry, elle se transforme ensuite en une route départementale. La plupart des véhicules font attention à nous, mais une fois n’est pas coutume, les bus sont un peu moins prudents.

SONY DSC
Vue sur la ville d’Ancud

La matinée est une succession de montées et de descentes. Au sommet d’une côte particulièrement difficile, nous sommes récompensés par une superbe vue sur la ville d’Ancud et l’océan. Un pont nous permet d’arriver dans la ville que nous rejoignons par une bonne montée. Sur la place du centre-ville, des écoliers font un spectacle d’une île chilienne, mais pas Chiloe, de l’île de Pâques. Malgré  les quelques éclaircies, on plaint ces gamins peu vêtus en train de danser des danses polynésiennes. Nous nous trouvons un petit camping cher, mal équipé ou nous ne serons pas vraiment tranquilles.

Fabien ne se sent pas très bien ce jour-là, seul Camille tentera d’aller voir la colonie de pingouins des environs, vainement.

Ancud – Castro : cocktail d’architecture chilote

Ce matin, Fabien finit la réparation de son dérailleur qu’il avait commencée la veille. Encore une fois, nous pédalons sur une route vallonnée. La journée est plutôt ensoleillée et presque sans taon. La route est peu intéressante et il y a beaucoup de circulation. En chemin, nous voyons quelques belles églises chilotes.

En arrivant à Castro, nous apercevons les palafitos, ces maisons sur pilotis typiques de Chiloe. Pour rejoindre le centre de la ville, il faut s’attaquer à une grosse montée. Les passants nous encouragent et une vieille dame semblera être préoccupée de savoir si nous y arriverons. Mais ce sera chose faite et sur les vélos.

SONY DSC
Les fameux palafitos, maisons de pêcheurs sur pilotis, visibles à l’entrée de Castro

Aujourd’hui, nous décidons d’en profiter. Nous prenons une chambre dans un petit hospedaje (auberge) où nous logerons dans les chambres des enfants de la famille. Ensuite, nous allons dans un petit restaurant où nous mangerons particulièrement bien. On n’y payera pas beaucoup plus cher qu’un autre restaurant mais avec le cadre agréable et surtout la qualité en plus.

P1080621
Catedral San Francisco de Castro. En plus d’être l’église la plus grande de l’île, elle a été récemment repeinte en jaune et mauve, tout en sobriété!

On profite également d’être dans la capitale chilote pour réserver notre billet de bateau pour rejoindre le continent. Mais voilà, cette année, aucun bateau ne part de Castro. Il faut traverser toute l’île du nord au sud pour se rendre à Quellon prendre un bateau. Cependant, impossible de faire la réservation car les « mètres linéaires » que l’on achète pour réserver la traversée des vélos sont complets jusque la fin des vacances des chiliens dans un mois et demi. Là ça commence à se compliquer, surtout que l’agence à Castro nous dit seulement que c’est impossible et qu’il faut repartir par où nous sommes venus. Finalement, après une recherche acharnée de Fabien qui durera jusqu’au lendemain midi et après avoir contacté directement l’agence de Quellon, nous avons pu faire un semblant de réservation.

Castro – Chonchi : Un air de Bretagne, les dénivelés en plus

Après une matinée stressante à propos des tickets de bateau, nous voilà en train de déjeuner sur la place principale de bons sandwiches d’un restaurant dont la devanture était peu avenante. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences. Nous n’avons pas eu la confirmation de notre réservation des billets pour la traversée, mais il faut commencer à rouler pour être à temps au sud de l’île. Aujourd’hui, nous faisons une petite étape de seulement 30km, mais quelle étape ! De sacrées montées nous font admirer l’océan et la côte découpée de l’île avec de nombreuses baies pleines de conchylicultures. Nous traversons des villages du bord de mer. On se prend quelques averses dans la journée mais le reste du temps c’est de la bruine ou un grand soleil.

Après seulement deux petites heures de vélo, nous atteignons la ville de Chonchi. Nous allons jusque la petite église classée à l’Unesco et nous ne voyons pas le camping. La propriétaire du camping s’était dit « mince, ils m’échappent » en nous voyant passés une première fois sans nous arrêter. On s’y installe juste avant que des trombes d’eau s’abattent sur la ville. Pendant ce temps, nous serons tous bien à l’abri, au chaud, en train de dévorer le pain perdu préparé par Fabien.

SONY DSC
Maisons du bord de mer typiques de Chiloe

Chonchi – Quellon : Direction le continent

Ce matin, nous prenons le temps de manger un gros petit déjeuner. Puis nous nous attaquons aux deux premières côtes de 25km difficiles. Ce n’était pas une surprise, la dame du camping nous avait prévenus du dénivelé de la route qui nous attendait. Ce qui est bien au Chili et en Argentine, c’est que les informations sur les distances et les dénivelés données par les locaux sont souvent exactes. Sur cette portion de route, la circulation est beaucoup moins dense et les véhicules sont plus respectueux des cyclistes.

Ensuite nous avalons les derniers kilomètres qui sont beaucoup plus plats sous une alternance d’averse et de grand soleil. C’est en fin d’après-midi que nous arrivons à Quellon, ville peu engageante à l’atmosphère particulière des villes portuaires sous un ciel menaçant. Nous filons acheter nos billets de bateau sans aucun problème pour les vélos. Au dernier moment, Camille qui souhaitait profiter un peu plus de Chiloe décide finalement de nous suivre et d’embarquer cette nuit. Après quelques péripéties, il obtient lui aussi le graal. En attendant le départ du bateau à 3h du matin, nous tuons le temps dans un bar/restaurant local.

SONY DSC
Après une traversée express de l’île à vélo, rien de tel qu’un petit plat raffiné partagé à trois : la chorrillana.

A 2h, nous nous dirigeons vers le port. Nous embarquons, les vélos sont sanglés, les sièges trouvés et inclinés puis c’est parti pour une courte nuit de 5h pour rejoindre le continent. Dans l’ensemble, nous passerons une plutôt bonne nuit malgré les ronfleurs et notre réveil qui a sonné à 6h45 alors que l’arrivée était prévue une heure plus tard.

Puis il est déjà temps de débarquer à Chaiten pour commencer la Carretera Austral, cette route qui va nous amener aux confins de la Patagonie.

SONY DSC
Après une nuit de navigation, nous voilà de retour sur le continent, prêts à démarrer la Carretera Austral.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *