Semaine de l’Inti Raymi dans la Sierra (Cuenca-Loja) – 22/06 au 27/06

Après ce long break, nous voilà repartis dans la sierra (les Andes avec des passages de col à 3000 m pour redescendre sous les 2000 m à l’approche des rivières). L’objectif de ces prochains jours est de rallier Cuenca à Loja.

Cuenca - Loja
Route de Cuenca à Loja

Cuenca-CumbeNous mettons du temps à sortir de Cuenca. Même si sur la carte le chemin semblait simple, nous avons eu l’impression de faire des tours et des détours pour rejoindre la Panaméricaine. A la sortie de Cuenca, la route monte pas mal, pour ensuite faire place à une route plutôt plate.

Un des panneaux dont la signification nous échappe...
Un des panneaux dont la signification nous échappe…

Pour faire suite à un précédent article sur nos amis les bêtes, ici nous avons le plaisir de retrouver des chiens « normaux ». Des chiens errants, en piteux état et plus intéressés par la recherche de nourriture que par nos vélos. Des chiens domestiques qui, eux, aboient mais ne nous coursent pas. Ceux qui le font malgré tout sont de la taille d’un épagneul et sont facilement intimidables. Ah enfin !

Nous arrivons dans le village de Cumbe un peu avant 13h. Nous décidons de nous attabler à une petite terrasse où une dame prépare un unique plat qui réjouit petits et grands. Une fois le ventre plein, il nous faut faire un choix : continuer ou s’arrêter ici. Sachant que nous n’avions pas entamé la grande montée qui nous attend, que la nuit tombe dans moins de 5h et qu’il n’y a pas vraiment d’autre étape possible sur le chemin, nous décidons de nous garder la montée pour demain. Maintenant il faut trouver un endroit où dormir sachant qu’il n’y a pas d’hôtel, ni de pompiers ici. Nous demandons conseil à la police qui nous reçoit assez désagréablement et nous dit d’aller à Cuenca. « Mais on est en vélo et on vient de Cuenca ! »  « Ben allez à Cuenca » OK… Bon ben dernière option : le couvent, mais il est vide pour le moment. Nous attendons donc sur la place principale et là nous assistons au cortège de la fête Inti Raymi.

Cortège de l'Inti Raymi (Cumbe)
Cortège de l’Inti Raymi (Cumbe)

C’est une fête qui a lieu une fois par an, pendant généralement une semaine, qui célèbre le solstice d’été et la Terre en remerciement de la moisson. Les gens ici sont en tenue traditionnelle, ils portent beaucoup de fleurs et des statues du Christ. L’intérieur de l’église est rempli de fleurs. Des pétards sont lancés en l’air dans la rue. On nous invite à nous joindre à la fête mais nous avons nos vélos et pas d’endroit où dormir. Nous attendons le prêtre pendant environ 1h mais il file en 4×4 après l’office. Raté… Là débute un moment d’interrogation, mais surtout un long moment d’attente. Forcément dans ce village de la sierra, nous ne passons pas inaperçus. Les gens essayent de nous aider mais le couvent reste anormalement fermé et le prêtre est bel et bien loin maintenant. On nous réinvite à la fête, mais la priorité est de trouver un abri.

Puis un autre homme vient à notre rencontre. Il se préoccupe de notre sort et parait embêté de ne pas avoir de lit pour nous. Nous répondons qu’un bout de terrain pour mettre la tente serait parfait. Il dit OK, qu’il a quelques petites choses à faire et doit aller chercher la clé pour nous. Nous attendons donc patiemment environ 1h. Notre nouvel hôte Ernan, nous accompagne jusqu’à un centre aéré, nous installe des couvertures dans un bureau et nous demande si ça ira. Il nous indique comment tout refermer à notre départ demain matin. Nous le remercions chaleureusement, puis il reprend son chemin et nous ne le reverrons plus.

Le centre aéré de Cumbe
Le centre aéré de Cumbe

L’endroit est génial ! Nous nous installons sous une des verrières pour diner, puis nous lisons, jouons, faisons des réparations sur les vélos au son des pétards de la fête. Le ciel est dégagé et nous avons même l’occasion d’utiliser le planiciel.

Foot en salle...
Tout en puissance!
Petit café dans notre patio
Petit café dans notre patio

Cumbe-Susudel

petit dej avec des chopes de jus de fruit
petit dej avec des chopes de jus de fruit

Aujourd’hui après un copieux petit déjeuner, nous reprenons la route. Ernan nous avait prévenus que pour monter la côte il nous faudrait pousser les vélos. L’état de la route est bon, le temps est avec nous également mais le dénivelé nous fait avancer doucement. Les paysages sont magnifiques. Qui dit montée difficile, dit descente à fond. La fin de l’étape se fait donc « tout schuss ! ». Heureusement que je suis passée devant Fabien sinon il aurait manqué le village où nous devons faire étape : Susudel.

Arrivée à Susudel
Arrivée à Susudel

Nous avons lu sur des blogs que d’autres cyclos avaient dormi au centre communal de la ville. Nous demandons où c’est et on nous dit d’attendre car quelqu’un va venir nous apporter les clés. C’est ainsi que nous nous retrouvons dans le centre communal seulement en demandant notre chemin. Nous installons notre tente et reprenons des forces avant l’étape qui nous attend demain.

Centre communal de Susudel
Centre communal de Susudel

Susudel-SaraguroLe départ à 7h30, le lendemain, est plus tardif que prévu. Du coup, je sens Fabien énervé et en train de bouillir. Nous continuons la descente déjà entamée hier. Puis, je vois trois chiens courir vers Fabien. Là, Fabien s’arrête (et pour que Fabien s’arrête en pleine descente il faut le faire !). Il crie et commence à courser un des chiens. Je le dépasse morte de rire et me dit qu’au moins ça lui a permis de passé ses nerfs. Mais, comme on le savait, la descente est de courte durée et la première montée de la journée est difficile. Là, nous rencontrons notre première mygale. « Quoi ? Il y a des mygales à cette altitude ?? (2000m) » (Bon OK, elle est écrasée sur le bord de la route, mais quand même.)

Arc en ciel en chemin
Arc en ciel en chemin

La montée est rude, mais la vue qui s’offre à nous est magnifique. Nous pouvons admirer tout le chemin déjà parcouru. Nous faisons une pause le temps d’un repas, puis nous repartons car une nouvelle montée nous attend dans l’après-midi.

Chemin parcouru depuis Susudel
Chemin parcouru depuis Susudel

C’est avec un peu plus de fatigue que nous entamons cette deuxième montée. Le temps se couvre (donc finit la récompense du paysage) et un vent frais avec quelques bourrasques nous accompagne dorénavant. Nous arrivons au sommet sous une pluie fine. Puis, nous entamons la descente sous la pluie qui se renforce avec le vent. Finalement rien ne vient récompenser les efforts de la montée : aucun point de vue, une descente faite en grelottant (littéralement), la pluie frappant douloureusement notre visage, nous obligeant parfois à nous arrêter. Pour finir cette journée, il y a une dernière montée pour atteindre le village. C’est épuisés, trempés et complètement transits de froid que nous atteignons le village de Saraguro à la tombée de la nuit.

voisins étonnés de nos montures
voisins étonnés de nos montures

L’hôtelier nous indique un super resto où bien manger pour pas cher. Mais impossible de se réchauffer. Fabien est frigorifié. Une douche chaude le ramène à la vie. Les habits sont étendus pour sécher mais avec 12°C dans la chambre c’est peine perdue. Le lendemain, le temps est pire. Nous décidons de rester à Saraguro et de profiter la fête  Inti Raymi. La rue près de l’église est transformée en mini fête foraine avec de petits stands. La place est bordée de stand de bijoux faits par les femmes (malheureusement aucun achat ici : problème de budget à lire plus bas). Ici les gens sont en tenue traditionnelle. Tout le monde porte de longs cheveux noirs. Les hommes portent une longue tresse, un chapeau et un pantacourt. Les femmes portent, elles aussi, un chapeau, une jupe noire qui cache un jupon et elles couvrent leurs épaules d’un châle noir (et oui il fait un peu frais). Le soir, certaines personnes sont déguisées (avec le visage masqué) pour suivre une procession de la Vierge au son de la musique. Nous sommes les seuls étrangers dans ce village de la sierra, nous sommes privilégiés. Nous décidons de ne pas prendre de photos, c’est leur moment, nous profitons avec nos yeux et nos oreilles.

Saraguro
Saraguro

Vous le remarquez, nous ne mettons que très peu de photos de personnes (en habits traditionnels notamment) car nous ne sommes pas dans un zoo. Nous sommes privilégiés de vivre ces moments avec toutes ces personnes. Ce qui nous a écœuré c’est une femme (française…) prenant plusieurs photos d’une femme et de son enfant en habits traditionnels à quelques centimètres du visage de l’enfant, avec le flash, comme si elle était dans un musée… très peu pour nous !

Après cette deuxième nuit passée à Saraguro, il nous faut partir : nous n’avons plus d’argent. Aucun des cinq distributeurs ne fonctionne avec nos cartes bancaires. Le temps ne semble pas mieux et nous ne pouvons pas nous permettre une étape entre Saraguro et Loja. Après une longue discussion avec notre hôtelier (sur l’Equateur, sa géographie, son économie, sa nature, la région de Loja, les artistes, les risques au Pérou…), nous décidons de prendre une ‘camioneta’ pour nous rendre à Loja. « Sinon vous allez mourir en altitude » (rien que ça !). C’est donc à bord d’un pick up que nous faisons les 67 km qui nous séparent de Loja. Les paysages sont magnifiques (on se croirait à Hobbiton), le temps se découvre. Du coup, nous sommes un peu déçus de ne pas l’avoir fait en vélo. Nous arrivons à Loja et il nous reste qu’un seul dollar en poche !

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